Cascadeuses

Dans un gymnase, une jeune femme frappée puis étranglée par un grand barbu succombe sous l’œil de la caméra, avant de revenir à elle quelques secondes plus tard : Estelle, titulaire d’un diplôme d’ingénieure agroalimentaire, s’entraîne à « mourir » dans le cadre de sa formation à Campus Univers Cascades, une école installée dans les Hauts-de-France. Virginie, qui fut l’une des premières Françaises à exercer le métier, doublant depuis plus de vingt-cinq ans les stars du cinéma hexagonal, cherche, elle, à s’imposer dans l’univers tout aussi masculin des régleurs, chargés d’encadrer et de sécuriser la réalisation des cascades sur les tournages. De son côté, Petra, originaire de Suisse, vit à Hollywood, où elle a fait ses débuts au tournant des années 2000 dans des blockbusters comme Minority Report ou Men in Black. Éprouvée par les blessures, elle doit désormais préserver son corps : elle s’essaie aux cascades en voiture, tout en prenant des cours de théâtre dans l’espoir de devenir actrice.

L’envers du décor
Elles se font renverser par des motos, chutent dans les escaliers et essuient des pluies de coups jusqu’au trépas… Alors qu’elles aspirent à des rôles de battantes, Estelle, Virginie et Petra mettent leur corps en danger au service de l’imaginaire d’un cinéma qui n’épargne pas les femmes. Entre entraînement physique intense, travail d’interprétation et gestion du risque, ce documentaire sensible, salué par plusieurs prix en Suisse, plonge dans les coulisses d’un métier aussi méconnu que précaire. Des plateaux de tournage au refuge de leur foyer, une plongée intime dans le quotidien de ces figures de l’ombre, qui interroge notre rapport à la représentation de la violence sexiste sur les écrans.