Trabalhaodra

Au sein du centre social et interculturel l'Alco à Amiens Nord, le film suit pendant plusieurs mois, Helena, animatrice socioculturelle et médiatrice famille, l'un des personnages clés de l'association. Une année décisive puisqu'il s'agit de la dernière avant son départ en retraite.

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Trabalhadora (travailleuse en Portugais), c'est avant tout le portrait d'une femme : Helena Loew, travailleuse sociale au sein de l'Alco, centre social et interculturel à Amiens nord. Le film suit les derniers mois de travail de ce petit bout de femme au tempérament bien trempé qui chaque jour anime des ateliers coutures, coiffures, bien être pour les femmes du quartier, mais aussi des sorties culturelles avec les familles, des ateliers cirque avec les enfants...
Portugaise, elle a quitté son pays par amour à l'âge de 30 ans. Mère de deux enfants, c'est une femme aux valeurs fortes. Pour elle, hors de question d'offrir aux habitants du quartier des activités au rabais. « C'est une exigence que j'ai toujours eue. Je n'imagine pas faire autrement, cela a toujours été une évidence », affirme la médiatrice.
Féministe, elle défend la place des femmes dans la cité en leur offrant au sein de l'Alco un véritable espace de
parole. Politique, sexualité, éducation... des sujets qui s'enchaînent autour d'un café pris chaque matin en compagnie des nombreuses mères de familles. Elle leur propose des rendez-vous récurrents avec des spécialistes tels des pédopsychiatres, des sages-femmes, mais aussi des responsables de la ville. Elle a su, au fil des années, établir un lien de confiance entre elle et les familles.
Un lien qui a permis aux enfants d'accéder aux différentes activités proposées par l'Alco. Un travail de fourmi mené depuis des années qui, en 2019 lors du tournage, arrive à son terme avec son départ en retraite.
Trabalhadora c'est aussi le portrait de la fin d'une époque. Celle où les travailleurs sociaux étaient avant tout des militants d'une éducation populaire définie par Laurent Besse comme une « action éducative qui prétend toucher principalement les milieux populaires et qui entend agir sur l'individu hors de l'école pour transformer la société ».
La difficulté du passage de relais entre Helena et sa remplaçante met en évidence cette évolution du métier d'animateur socioculturel. On découvre ainsi les inquiétudes de l'équipe mais aussi celles des usagères du centre social. « On sait ce que l'on perd mais on ne sait pas ce que l'on gagne ! », affirme l'une des habituées du centre.
Le film est également le portrait d'un tiers lieu unique au sein du quartier. L'Alco est depuis 40 ans un havre de paix pour certains, un lieu d'information et d'éducation pour d'autres. Chaque année, ce sont près de 200 enfants qui bénéficient d'un accompagnement à la scolarité. Sans oublier les ateliers, les interventions, le centre interculturel de documentation et de ressources...
L'objectif du lieu est l'autonomie et l'épanouissement de la personne en favorisant l'accès à la réussite éducative.
Ce film est donc le portrait de cette sexagénaire solaire et de son regard sur son métier à l'aube de son départ en retraite. En filmant son quotidien au sein de l'Alco, on découvre son rapport au travail, à la médiation et la richesse des liens qu'elle a su tisser, au fil des années, avec les habitants du quartier.
Trabalhadora a pour objectif de montrer l'importance de ces travailleurs de l'ombre, ces médiateurs et
responsables d'associations de quartier qui œuvrent quotidiennement et inlassablement à l'ascension sociale.
Même si l'ascenseur est depuis longtemps en panne, ces acteurs sociaux croient au pouvoir de l'éducation, de la médiation, de la culture pour arriver à se hisser hors de sa condition.
En filmant Helena pendant ses derniers mois de travail, on comprend le combat ordinaire de l'équipe tant au niveau du soutien scolaire que de l'aide pour l'insertion des adultes. Mais aussi le combat de l'Alco pour tenir debout et pour maintenir son rôle vis à vis des partenaires, qu'il s'agisse des parents, de l'école ou des collectivités.